437. Lundi matin, 7:45.

 Mon très cher Blog,

je suis bien désolée de t'avoir ainsi négligé. Je n'ai aucune excuse valables (des non-valables j'en ai tout un stock, un flot constant comme tout prof) mais je reviens! Et j'en ai des choses à écrire! Si tu savais ...

Il était un matin, un matin gris où la pluie se jouait de moi: parapluie ouvert et seules quelques gouttes fines et isolées tapotaient la toile, parapluie fermé et les mêmes gouttes me mouillaient le visage et me glaçaient le corps. Ouvert-fermé-ouvert-fermé, comme cela jusqu'à la grille du lycée. Je me rends alors compte que je suis en avance. Zut. Pas prévu ça. Je pousse la porte de la salle et cinq ou six élèves sont assis dans un silence plus intense que celui d'une église de nos jours.  Je dois faire un choix, prendre une décision et je passe en revue les options. Pour cette heure matinale je trouve mon esprit particulièrement agile.

1) Faire sortir les élèves: trop fatiguant, trop stressant et pas productif du tout. Trop old-school.

2) M'installer au bureau, ouvrir Quartz (sic), ouvrir le tout-puissant Promote, ouvrir mon drive de chez Google avec ce petit pincement de culpabilité car je ne fais aucun effort pour utiliser les systèmes made in E.N. (rien que les noms me dépriment profondément). Et puis les mauvaises habitudes sont si vite prises, faudrait pas que j'arrive en vacances trop souvent.

3) J'ai une bien meilleure idée: je vais aller boire mon café (celui que j'apporte dans un thermos car il n'y a pas de machine à café ici). Après tout je ne vais jamais dans cette salle des profs, et cette attitude franchement anti-sociale pourrait m'être reprochée - à juste titre.

Je traverse la cour sous la pluie (celle qui mouille) et me faufile un passage entre la cinquantaine de terminales qui s'agglutinent dans le couloir. 'Sorry', "Excuse me! ... Sorry!' 'I'm sorry, can I just get through?' Je ne m'énerve pas car je sais que je vais m'assoir avec un café bien chaud et très bon (le mien). J'arrive enfin à la porte de las salle et ...

Fermée!

Comment ça fermée? Je sais bien que je suis en avance mais enfin j'ai vu la surveillante dans la rue. Chez nous nous avons des surveillants qui sont à la porte du lycée, juste pour dire bonjour je crois. Il va falloir que je retourne dehors sous la pluie pour aller chercher la clé. Ou passer par la cour par la porte qui n'est jamais fermée à clé. Ma (presque) bonne humeur de ce lundi matin commence à s'estomper. Hauts les cœurs! Ce n'est qu'une histoire de porte, bientôt je serai au chaud avec mon petit café. Il pleut tellement que je tente le bureau des surveillants en passant, on ne sait jamais.

Ouvert!

Ah! Ma bonne humeur revient au galop. Je rentre dans le bureau et trouve que franchement il y a beaucoup de bazar! La salle des profs, la vraie, a été réquisitionnée (c'est le mot) cette année et est maintenant une salle de musique: une batterie, un piano, deux ou trois guitares et autres percussions, des micros et autres enceintes sont disposés tout autour de la salle et les chaises, (pas de fauteuils chez nous, trop dangereux), tables, ordinateurs et photocopieur ont tout simplement disparu. Il nous a été attribué, en remplacement et c'est très gentil merci beaucoup, une toute petite salle adjacente au bureau des surveillants. On y est un peu à l'étroit, ce n'est ni confortable, ni agréable mais ne nous plaignons pas, il y a pire me dit-on. Ah bon.

Je suis maintenant dans le bureau des surveillants et je sens déjà l'odeur du café qui va me réchauffer. Et qui sait? Peut-être un ou deux collègues drôles et sympathiques seront là pour papoter un moment avant de commencer la semaine. 

Fermée!

Ah mais la clé est sur la porte. Je fais comme chez moi (je suis chez moi, je travaille ici tout de même) et tourne la clé, ouvre et ... 

Surprise!

A la place du photocopieur se trouve une brouette. Oui, une brouette! Taille réelle. Une brouette! Mais que fait cette brouette dans cette salle des profs? Je regarde autour de moi, il a y des rallonges de fil électrique, une perceuse, et oh! Un pantalon d'ouvrier, plié et posé sur le sol (les chaises et tables ont disparu, je pense marché noir de tables et chaises), à côté des chaussettes et des chaussures de chantier. Oserai-je soulever le pantalon pour voir si le caleçon est compris avec? Le tout baigne dans une odeur, non pas de café, mais de ciment. Il y a de la poussière partout et le sol est sale. De toutes façons il n'y a pas de chaise pour m'assoir. La sonnerie retentit. Je quitte les lieux, ne referme pas la porte à clé et traverse la cour sous la pluie maintenant battante. Le ton est donné pour la semaine!


Comments

  1. Though the situation your way in EN looks pretty much pathetic, you manage to make it sound quite "rocambolesque" C M

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