456. Tous les jours (2)
L'après-midi arrive et je reprends le chemin du lycée le cœur léger. J'irai voir la co-enseignante et lui expliquerai qu'à la demande des élèves - pardon, des étudiants - ce serait bien qu'ils soient seuls avec moi pour finir le sujet d'examen.
'Et Z? Est-elle là?'
Pas de Z. Cela n'étonne personne. Z est très très souvent absente et très très souvent en retard. Z a même été convoquée chez le responsable et la CPE et a reçu de sévères avertissements. Z doit avoir peur et c'est pour cela qu'elle ne vient pas en cours. Cet idée de rentrer dans les ordres refait surface.
'Ah bon! Elle était là ce matin?' La co-enseignante est estomaquée.
'Elle doit être en retard. Tu me l'envoies quand elle arrive?'
Le tout tout petit groupe s'installe. Je n'y comprends plus rien. Où sont tous ceux qui l'air attristé ce matin me disaient ne pas avoir eu le temps de finir? En 15 minutes l'affaire est pliée et le petit groupe repart. Bon.
'Vous m'envoyez Z?'
J'attends un peu puis repars vers la salle de co-enseignement (j'aime parler avec grand professionnalisme) voir si Z est arrivée.
Je mets un instant à localiser ma collègue qui est derrière les ordinateurs avec un groupe d'élèves - pardon d'étudiants.
'Z est toujours absente?'
'Non, non, pas du tout. Elle est là.'
Je présente mes excuses à ma collègue et me tourne vers la classe.
'Mademoiselle Z, pourriez-vous venir faire votre devoir s'il vous plaît, comme convenu. Cela va faire presque 10 minutes que je vous attends.'
Ma voix est ferme et le ton menaçant. Je m'attends à ce que Z se lève, s'excuse et prenne ses affaires pour me suivre dans la salle de classe. Pas du tout. Z n'a aucune intention de se laisser influencer par son enseignantes.
'J'ai des choses plus importantes à faire.' Me dit-elle sur un ton presqu'aussi autoritaire que le mien - elle aura au moins appris cela avec moi!
Je reste sans moi. Le temps que je prenne la mesure de ce qu'il se passe devant moi et puis, comme d'habitude, j'explose!
Le ton monte. Je lui parle de tapis rouge déroulée devant elle sans arrêt, de respect, de choix et d'investissement personnel. Je lui dis que je n'ai pas de temps à perdre avec tout cela, que nous ne sommes pas chez les Bisounours (mais qui sont-ils ces Bisounours que tout le monde invoque sans cesse?) et puis que si Z a des choses plus importantes à faire elle pourrait les faire chez elle.
'Puisque c'est comme ça vous aurez deux zéros.'
Je prends la copie du travail commencé, le déchire dramatiquement en deux et le jette à la poubelle. Celle avec les chewing-gums, pas le recyclage.
Je me tourne vers ma collègue, m'excuse pour cette mise au point soudaine et brutale et quitte la classe. Je vais ranger mes affaires et rentrer chez moi.
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